Dis chéri... Tu m'échangerais contre des jetons?

Depuis que j'ai rejoins Mister Poker dans son quartier parisien non moins chic, et ayant pris l'habitude durant mes études d'errer dans les city-marchés (pour échapper notamment à la rédaction de mon mémoire et en profiter pour dégôter le dernier produit qui "changera ma vie" selon le dernier Cosmo), je pense connaître tous les épiciers de notre arrondissement.

Comme à son coiffeur, qui n'a jamais fait des confidences à son épicier?
Faire ses courses, ça crée des liens, croyez-moi...

"Je trouve que vous avez petite mine aujourd'hui, que vous arrive-t-il mistinguette?"
"Ah je suis sur, c'est une histoire de coeur qui vous rend comme ca? Hein, je ne me trompe jamais!"

Après tout, un épicier, ce n'est pas comme votre meilleure amie qui vous répondra : "tu vois! Je ne l'ai jamais aimé de toute façon! Je le savais! c'est qu'un c**, comme les autres!", pire, votre mère : "mais enfin, nous t'avions prévenu, ce n'est pas quelqu'un digne de toi ma fille!".

L'épicier lui, aura toujours le bénéfice du doute, donc, on se confie, mais plus vous parlez, plus il fronce les sourcils, vous fixe bizarrement et vous interjette sauvagement, "mais dîtes, votre copain, c'est pas Mister Poker!?", vous encore larmoyante à cause de votre histoire ridicule, répondez "oui" sans réfléchir, et là, le souci qui n'en était finalement pas un, le devient réellement!

"AAAAAAH mais je le connais, très grand joueur! très très grand joueur!"
Et sur un ton plaintif, changeant brusquement d'expression, vous balance : "Oui, heu, mais... en fait, vous savez, les joueurs de cartes, les joueurs de poker, ... ils seraient capables de vendre leur femme!".

Pardon? Le mien? JAMAIS. Je règle mon pack de Coca-light la tête haute, le bout du nez en l'air, je dis Merci Monsieur, et à bientôt.

Me vendre? Moi? Mais il est fou lui!
Le chemin pour rentrer à la maison, bien que court, ne m'empêchera pas de ruminer cet épisode...
Je me remémore alors un article  lu il y a quelques semaines sur un site de poker qui expliquait qu'un joueur russe avait misé son épouse, et l'avait par la même occasion perdue lors du dernier coup. Vengeance de l'épouse, elle demande le divorce et vit depuis lors avec le gagnant de cette partie!

Assise sur le canapé...

_"Dis cher et tendre... tu m'échangerais contre des jetons?"

_"Mais tu m'as pris pour qui!?  Pourquoi tu me poses cette question!?"

_"Pour rien, pour rien... J'voulais savoir c'est tout"

_"Tu vaux tout l'or du monde chouchou..."

La réplique est facile, mais, je ferais mieux d'écouter mon homme plutôt que mon épicier...

Selon mon épicier le code barre et l'étiquettage me guette, tout comme selon ma meilleure amie, fréquenter un joueur de poker est mauvais pour ma santé, car c'est un monde trop enfumé... et pour ma mère mauvais pour ma réputation, car c'est un monde de bandits et criminels.

Rester sur des stéréotypes quleque peu "has been", non, pas mon genre, surtout sachant que la Loi anti-tabac s'appliquera dans deux mois aussi dans les poker rooms, et que Cher et tendre n'a à ce jour tué aucun innocent!